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21 décembre 2011 3 21 /12 /décembre /2011 00:00

C'est à partir de son observation et de son travail sur les dépressifs qu'Aaron Beck développe sa thèse des schémas cognitifs. 

Il s'aperçoit que les événements externes sont d'abord interprétés sur le plan cognitif, engendrant une pensée automatique qui elle, va engendrer une émotion. Il va décrire ce que d'autres avant lui avait expliqué (Lazarus, Ellis, Arnold) le système cognitif en théorisant que les cognitions priment sur les émotions. 

Ainsi, c'est parce que nous avons une cognition inadaptée que nous interprétons de façon inadaptée une situation. 

Les pensées automatiques négatives sont des erreurs cognitives qui sont un aspect central du trouble émotionnel, c'est à dire un aspect central de tout malaise ressenti face à certaines situations que nous vivons et que nous interprétons. 

Lorsqu'une situation nous gêne, certaines personnes commencent par s'en sentir coupables et pensent : "je ne suis pas bon, je suis en échec, rien ne me réussit". Elles ne réagissent pas à la situation, mais à l'interprétation qu'elles font de la situation.

En fait, nous avons tous tendance à penser que nos sentiments sont acquis et les pensées qui les engendrent sont acquises également.

distorsions-cognitives.jpg

Le fait de penser souvent que nous sommes nuls et en échec, nous conduit à correspondre à ce que nous pensons. 

L'émotion de peur, de colère ou de honte engendrée par cette pensée automatique va nous conduire à nous comporter de façon à ce que l'autre nous perçoive tel que nous pensons l'être, c'est à dire "pas bon, en échec". Et toutes les situations qui vont ressembler à celle qui nous a envoyé cette pensée automatique sur nous mêmes, vont durcir les interprétations négatives et nous mettre dans un état de malaise général qui peut conduire peu à peu, à un état d'anxiété ou de dépression. 

Ces pensées et ces habitudes de pensées sont des "distorsions cognitives", des opérations inconscientes qui appartiennent à notre système cognitif. 

On répartit généralement ces distorsions en 3 groupes, avec de nombreuses variations individuelles : 

1. La surgénéralisation

2. La conclusion hâtive

3. Le raisonnement irrationnel. 

Expliquons et prenons des exemples pour illustrer chaque groupe. 

La surgénéralisation 

C'est la distorsion la plus fréquente parce qu'il est toujours beaucoup plus simple et plus rapide de réfléchir aux nouvelles expériences par rapport à ce que nous connaissons déjà. C'est en fait un apprentissage nécessaire. Or, quand les expériences passées ont été négatives, notre interprétation de la nouvelle situation qui ressemble à celles déjà connues, nous la fera interpréter tout aussi négativement. On généralise notre expérience à toutes celles qui viennent ensuite. Ce raisonnement est la base de la stéréotypie. 

Quand la surgénéralisation s'applique à nous mêmes, nous nous stéréotypons tout seul. 

Aline est célibataire et solitaire. Ses expériences amoureuses passées ont toujours tourné court. Elle ne parvient plus à sortir de sa routine pour rencontrer de nouvelles personnes parce qu'elle pense que, de toute façon, tout le monde est superficiel et personne ne veut s'engager dans une relation durable. 

En rencontrant de nouvelles personnes, elle pense au passé et conclut : "je suis nulle et inintéressante". Sa tristesse va interpréter la situation comme inutile et sans espoir et son comportement va montrer qu'il est inutile et sans espoir d'entamer une relation avec elle. 

Dans ce groupe, on a l'habitude de classer également les distorsions de 

filtre mental 

Un seul aspect négatif peut faire interpréter toute la situation négativement. 

Linda transmet à son supérieur un rapport. Il lui revient avec des annotations, soulignant quelques phrases à reformuler. Furieuse, Linda va voir son supérieur et lui demande : 

- Pourquoi trouvez vous que mon rapport est nul ? 

- Où avez vu ça ? Je n'ai jamais dit ça. 

- Mais vous soulignez tout ce qui ne va pas. 

- Oui et qu'ai-je mis tout en haut du rapport ? 

Linda lit alors l'annotation "très bon rapport. Merci". 

L'aspect négatif avait filtré l'aspect positif parce qu'elle a eu immédiatement comme pensée automatique en recevant son rapport : "je suis une incapable". Elle a donc interprété la situation comme la preuve de son incapacité qu'elle croit avoir pour se prouver qu'elle avait raison de penser ce qu'elle pensait d'elle même. 

exagération (augmenter ou minimiser)

C'est la distorsion préférée des perfectionnistes. Elle les conduit à interpréter les résultats positifs comme inférieurs à ce qu'ils sont réellement et à interpréter les résultats négatifs comme plus importants que ce qu'ils sont réellement. 

Jean joue au tennis. Il a un jeu remarquable pendant le match. Ses co-équipiers le félicitent. Jean répond qu'il a eu beaucoup de chance et que sa performance est uniquement due à cela. Jean tenait à faire une partie "parfaite" en pensant : je ne suis pas parfait. Comme on ne peut pas l'être, Jean a cherché à interpréter la situation comme le résultat de cette impossibilité à être parfait. La moindre petite faute de jeu va prendre des proportions de catastrophe. 

tout ou rien 

C'est la forme extrême de la distorsion précédente. Jean pourrait se dire : " il y a des failles dans mon jeu. Or, j'ai travaillé dur pour tenter d'être parfait. J'ai donc perdu mon temps et cette partie était inutile." 

disqualification du positif

Toutes les preuves du positif vont être escamotées. Si vous avez vu quelqu'un de mauvaise humeur un jour, vous avez alors une bonne idée extérieure de cette distorsion. La discussion ne peut pas devenir rationnelle. Elle est bloquée au niveau de la pensée automatique négative, souvent sans rapport avec la situation présente. 

Jeanne s'est pesée ce matin. Elle a constaté qu'elle avait pris 1 kg. Triste et en colère contre elle même, elle essaie de vivre sa journée en oubliant cette prise de poids. Le soir, son mari lui apporte l'album photo de leurs vacances. Sur les photos d'elle, on ne la voit le plus souvent qu'en gros plan et son mari s'attarde sur ces portraits. Plus il lui dit qu'elle est très jolie et plus Jeanne se renfrogne. Sa pensée automatique "Je suis grosse" envahit la situation, ravivant son émotion de colère et occultant complètement la réalité et la sincérité du compliment. Si son mari lui demande la raison de sa mauvaise humeur, elle répondra : "Tu me dis ça pour me faire plaisir". 

Suite de l'article 

- Sauter aux conclusions 

- Le raisonnement émotionnel

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Mary Gohin - dans Cognitions
5 novembre 2011 6 05 /11 /novembre /2011 10:49

Voilà un biais cognitif fort dérangeant, pas très agréable à comprendre, parce qu'il nous remet en cause sur ce que nous avons de plus cher : notre crédibilité. 

La validation subjective est accompagnée par  le biais de confirmation et par notre mémoire qui sélectionne essentiellement ce qui nous intéresse. 

On valide une information de façon subjective, c'est à dire en confirmant ce que nous pensions déjà auparavant, sans remettre en cause notre savoir en s'appuyant sur ce dont nous nous souvenons. Cette validation nous est personnelle. 

zodiac.jpg

Mais comment fonctionne cette validation subjective ? 

Nous avons un ego fort qui ne nous permet pas de nous penser faible, inexistant, ignorant et autres caractéristiques peu agréables. Le monde qui nous entoure est forcément un monde compréhensible, organisé et conscient de notre existence. En un mot : le monde a du sens et ce sens a un rapport avec nous.  

Deux choses indépendantes qui se présentent ne peuvent être qu'en co-existence.

Je prendrais pour premier exemple une anecdote qui m'appartient.

J'ai acheté l'appartement actuel que j'occupe à un particulier. Le jour de la signature du compromis de ventre que nous faisions sans aide de professionnels, nous sommes allés manger ensemble dans un café du quartier où mon vendeur travaillait, c'est à dire à Paris, en plein coeur du quartier du Marais. Il faisait beau pour cette journée de début octobre et nous étions installés à la terrasse. Tandis que nous discutions des modalités d'achat-vente, un papillon jaune s'est mis à virevolter entre nous. La présence du papillon ne pouvait s'expliquer que pour valider la confiance que nous devions avoir l'un envers l'autre sur les modalités d'un compromis entre particuliers. L'idée nous a fait rire et fut même le début d'une bonne amitié. 

En donnant du sens aux événements (un papillon jaune en plein Paris en octobre et un compromis de vente entre particuliers), nous donnons du sens au monde (on peut se faire confiance). 

 

Ni lui, ni moi, n'avons cherché la raison de la présence de ce papillon jaune, trop contents que nous étions à partager un bon moment sous couvert de la tendresse des dieux. 

Autre exemple. Il vous est certainement arrivé d'être appelé par l'ami auquel justement vous étiez en train de penser. Vous dites : "c'est par transmission de pensées qu'il m'a appelé", sans tenir compte que ce n'est qu'une coïncidence qui n'a rien de surprenant parce que vous ne pensez pas à tous les autres amis auxquels vous avez également pensé et qui ne vous ont pas appelé. 

C'est souvent une affaire de statistique, comme l'illustre si bien l'excellent article sur les coïncidences de la vie.

Le plus bel exemple de cette validation subjective de l'idée préconçue selon laquelle il existe une connexion entre les choses et l'univers est au coeur des phénomènes paranormaux, des lectures d'horoscopes, des séances de divination, des tests de personnalité.

Dans ces lectures que l'autre fait de nous, nous validons ce qui est vrai, surtout ce qui est positif (ou ce qui est du faux négatif), essentiellement ce qui est personnel en ignorant les manques, les déclarations inexactes, les oublis, les affirmations floues.

 

Au regard de ce que j'écris, de ce que vous écrivez en réponse, voici comment je vous vois :

" Vous avez besoin d'être aimé et admiré, ce qui ne vous empêche pas de savoir vous remettre en cause en étant prêt à vous critiquer vous-même.

Vous avez certes des points faibles dans votre personnalité, mais vous savez généralement les compenser.

Vous avez un très bon potentiel mais vous ne le tournez pas toujours à votre avantage.

Extérieurement, vous êtes discipliné et vous savez vous contrôler, mais intérieurement vous avez tendance à être préoccupé et pas très sûr de vous-même.

Parfois vous vous demandez sérieusement si vous avez pris la bonne décision ou vraiment fait ce qu'il fallait faire.

Vous aimez une certaine dose de changement et de variété, et devenez insatisfait si on vous entoure de restrictions et de limitations.

Vous vous flattez d'être un esprit indépendant et vous n'acceptez l'opinion d'autrui que dûment démontrée. Mais vous avez trouvé qu'il était maladroit de se révéler trop facilement aux autres.

Par moment vous êtes très extraverti, bavard et sociable, tandis qu'à d'autres moments vous êtes introverti, circonspect, et réserve.

Certaines de vos aspirations tendent à être assez irréalistes."

Que pensez vous de ces affirmations ?

Ce texte est celui que le psychologue Bertram R. Forer a donné à ses sujets lors d'une expérience sur les tests de personnalité. Ses résultats rendus célèbres ont donné l'autre nom à la validation subjective : l'effet Forer.

La validation subjective a également le nom de "Effet Bamum", en hommage à P.T. Bamum, grand maître de la manipulation psychologique. 

Suite de l'article à venir

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Mary Gohin - dans Cognitions
23 juin 2011 4 23 /06 /juin /2011 15:11

Suite de l'article définissant la procrastination et les tergiversseurs

Avant de voir comment cesser de tergiverser, sans bouger, il convient de préciser que la procrastination n'est pas la base du problème. Le vrai problème est une histoire personnelle qui a entraîné une habitude apprise. 

Préambules indispensables

La procrastination est une tentative d'éviter les peurs, les doutes de soi.

Le premier travail consiste alors à se concentrer sur les problèmes qui sous-tendent les craintes, sur les attitudes adoptées pour tergiverser, sur les idées irrationnelles qui naissent en boucle face à toute action à réaliser qui provoque un état de malaise intense et conduit à tout faire pour ne pas faire. 

Le second travail est de chercher à définir s'il s'agit de procrastination détendue ou de procrastination anxieuse ? 

Comme je les ai définies dans mon article précédent, la procrastination tendue et anxieuse conduit à une vraie souffrance permanente liée à des critiques internes. La procrastination détendue permet d'embobiner et de nier la réalité.

Chaque procrastinateur doit composer avec ses propres émotions, avec ses propres cognitions, ses propres pensées inconscientes. 

procrastination-simson.jpg

Comment cesser de tergiverser    

       Agir pour soi 

Si le procrastinateur n'a jamais appris à s'organiser, si chaque action réalisée a été faite par quelqu'un d'autre, si on ne lui permettait pas de ne pas finir quelque chose entamée, alors il s'agit de travailler sur les croyances tournant autour de l'idée que tout travail mérite récompense. 

Comme pour ce que j'ai écrit pour les couples, il est évident que le bonheur vient de soi et que ce qui nous vient des autres est un plus, une sorte de bonus. 

S'organiser pour se responsabiliser

La procrastination se surmonte progressivement. Procrastiniser, c'est comme toute addiction, puisque la procrastination est une habitude. Il est parfois utile de décomposer l'action à faire pour rendre les marches de l'escalier plus facilement surmontable et de planifier la tâche minimum en la limitant dans le temps. La clé est d'apprendre à démarrer une habitude sur une première tâche. 

Par exemple : Jean doit partir de chez lui le matin avant 8h pour se rendre au travail. Cette heure de 8h est devenue pour lui la vraie bête noire de sa journée. Il fait donc tout pour éviter 8h. En décomposant ce qu'il est nécessaire de faire avant de sortir, en donnant un temps minimum à la première marche, en notant ce minutage sur la liste des marches de son escalier : partir, il commence à contrôler le départ et fait de l'enchaînement des actions une routine, non plus uniquement focalisée sur franchir la porte, mais sur un vrai escalier qui tient compte de ses envies comme de ses contraintes. 

Tenir un journal de procrastination

Certains procrastinateurs tiennent un journal dans lequel ils notent en détail leurs pensées et leurs sentiments associés aux actions. Cela permet de prendre conscience de leurs craintes, de leurs excuses, de leurs habitudes à détourner leur attention de ce qu'ils ont à faire. Basée sur l'idée que cette façon permet de concevoir un contrôle sur la prise en charge des actions, ils peuvent ainsi parvenir à assumer les peurs. 

D'autres procrastinateurs demandent à des amis de les pousser à agir. 

Quand rien ne fonctionne

Beaucoup de procrastinateurs résistent à ces méthodes. Ils ne parviennent pas à gérer, à s’organiser, à trouver une réelle motivation à agir, à commencer à penser de façon plus rationnelle.  Ils ne parviennent pas à faire des plans réalistes, à cibler leurs objectifs.

Cela revient à dire à un obèse de faire ceci et cela pour maigrir, à dire à un alcoolique qu’il devrait cesser de boire, à dire à un fumeur qu’il doit s’arrêter de fumer.

Quand il ne tergiverse pas, le procrastinateur se dit : " il faut que j’arrive à faire !!! " Mais rien ne lui permet de faire. Ni les bons conseils des autres, ni les bonnes résolutions. C’est l’enfer, comme pour l’obèse, l’alcoolique ou le fumeur. La peur est immense.

Le changement de vie ne se produit que quand les émotions sont gérables et gérées. C’est le calme, la sérénité retrouvée qui va fournir la motivation à persévérer, à devenir une personne différente qui a dépassé ses peurs de l’incertitude. Car la peur de l’avenir pour le procrastinateur est très forte, preque trop forte. Le rappel des récompenses et des sanctions aux actes est pire que tout. 

Le procrastinateur détendu aura besoin de motivation très intense, peut être une nouvelle valeur de vie ou une gestion des inquiétudes et des tensions, c'est à dire quelque chose de beaucoup plus fort qu'une auto-critique, qui finalement revient à se dévaloriser en permanence. 

Chaque procrastinateur développe ses propres mécanismes d'évitement, comme ses émotions (ses peurs, ses ressentiments, ses besoins), comme ses pensées (ses idées irrationnelles, ses stratégies cognitives). 

Les deux types de procrastinateurs évitent tout ce qui est "corvée" et fabriquent leur propre stress, leur propre malaise en se répétant "Je déteste faire ça", "Ce travail est trop lourd", "Ce n'est pas possible de faire ça" ou en se créant des objectifs irréalisables : "je vais tout ranger ce soir", "je vais trouver du travail aujourd'hui". Ensuite, ils tergiversent. 

Bien sur, le travail sur l'estime de soi est essentiel. Travailler la confiance en soi est la base du travail, l'initiation d'un changement d'habitudes. Ce travail permet de modifier la vision du monde et les croyances limitantes. 

La procrastination est une habitude. C'est la première chose à comprendre parce que cela permet de modifier cette idée de fatalité qui plane au-dessus de toutes les actions à faire. "Je n'y arriverai pas". "J'ai toujours fait comme ça." Il faut affronter la réalité, cesser de se mentir, reconnaitre, nommer et exprimer ses émotions. 

Le procrastinateur détendu 

Celui qui évite toute idée d'efforts et ne se focalise que sur sa recherche de plaisir, à moins d'être confronté à un événement (comme un examen, une date incontournable), conserve le déni de ce qu'il met en oeuvre. En fait, ce type de procrastinateur a besoin d'une crise qui va lui fournir la pression nécessaire à redresser sa vie. Ce n'est que quand il y aura pris de conscience d'une motivation qu'il pourra agir. 

Les deux détournements

Les actions non prioritaires : le procrastinateur se noie dans les activités qui ne sont surtout pas la tâche à démarrer : regarder la télé, surfer sur la Toile, manger, jouer, dormir, nettoyer... Une fois plongé dans le détournement, le procrastinateur bloque son anxiété, sa colère, son ennui. Il faut alors chercher à exprimer, à nommer, à retracer. 

Les excuses mentales : "Je vais le faire demain", "Je le fais ce soir parce que je travaille toujours mieux le soir". Ce sont ces pensées qu'il faut parvenir à remplacer par "Je vais faire les courses comme ça je pourrais mieux me distraire ce soir" "Je vais nettoyer mon appartement comme ça je pourrais inviter des amis." "Je vais téléphoner à ma mère, dès que j'ai quelque chose à dire". Il faut prioriser la satisfaction, le résultat escompté. "Je vais travailler les sciences pour avoir de bonnes notes dans cette matière et je peux m'attendre à de mauvaises notes en anglais". C'est le défaitisme qui tue l'action, le pessimisme qui la noie dans l'impossible. 

Le procrastinateur tendu anxieux

Procrastination-tendue.jpg

Tous les conseils donnés par ceux qui entourent le procrastinateur tendu ne fait qu'accroître la pression et les sensations désagréables qui accompagnent chaque action à faire.

Ce procrastinateur a peur de réduire les désagréments de la tâche. C'est ce que je dis à tous ceux qui viennent me voir pour changer quelque chose dans leur vie. Avoir un marteau qui tape sur la tête, ça fait mal. Mais la peur de vivre sans marteau est parfois encore plus grande que le malaise présent. Pour changer, on freine des deux pieds... On ne connait pas la situation nouvelle et on finit par éviter de la connaître en conservant le marteau qui tape, parce que celui là, on sait comment ça marche.

Les conseils comportementaux à ces procrastinateurs tendus et anxieux 

1. Tentez de réduire les peurs après les avoir identifiées. La peur d'échouer peut, par exemple, se réduire en prenant conscience que si on échoue ce n'est pas si terrible que ça parce que l'on sait et que l'on peut gérer cet échec. On peut tomber de cheval. Et pour apprendre à monter un cheval, il faut se remettre debout et remonter. Tomber de cheval n'est pas un échec, c'est un essai raté. Remonter, c'est se donner le droit de recommencer. 

2. Conservez une trace des évitements des tâches importantes. Quelles excuses avez vous utilisées ? Quelles pensées avez eues ? Quels sentiments ? Quel a été le résultat de l'excuse ? 

3. Travaillez la reformulation des tergiversations pour qu'elles deviennent productives

"Je dois terminer" va devenir "Quand vais-je commencer ?" 

"Je dois bien faire" va devenir "Je vais me donner du temps pour le faire"

"Je n'ai pas le temps pour regarder la télé, jouer, m'amuser" va devenir "Il est important de me divertir une heure"

"Je ne peux pas réussir" va devenir "J'ai une meilleure chance de réussir si... 

Pour le procrastinateur qui a peur d'échouer ou peur de réussir, il faut apprendre à vivre dans le présent, à avoir du plaisir de vivre. Il faut donner la juste place aux doutes et aux inquiétudes. 

4. Remplacer les habitudes négatives en habitudes ordonnées. Programmer, planifier sans oublier votre temps pour vous, votre temps ludique, votre temps plaisir. Concentrez votre attention sur le démarrage de l'action. Limitez cette action dans le temps. Donnez vous une récompense qui valorise votre image de vous. Toute action devient plus agréable si elle n'est pas considérée comme difficile, ennuyeuse, interminable. 

Les conseils cognitifs aux procrastinateurs tendus et anxieux

Souvent, les conseils comportementaux ne font qu'augmenter la résistance à l'action. Il faut alors tenter de comprendre les luttes mentales souvent inconscientes qui sous-tendent la tergiversation. 

Ces personnes là ont des doutes, des peurs qui ont été apprises comme une défense, un moyen d'éviter le danger né de l'idée qu'elles vont tout gâcher, se ridiculiser ou être rejetées. Elles se mettent alors à "fuguer mentalement". Il faut alors chercher les intentions inconscientes, nommer les peurs, les doutes, les raconter. 

C'est tout un travail en techniques PNL pour apprendre à entrer en contact avec les interactions de ses personnages intérieurs. Celui qui dit "Je dois" avec celui qui dit "Je veux", l'un étant comme l'enfant effrayé doit être rassuré par l'autre, cet adulte qui permet de voir un monde plus réaliste, plus valorisant. 

Dans la procrastination tout a une place entière, même si chaque procrastinateur les régit de façon différente : les émotions, les cognitions et les facteurs inconscients. Chaque procrastinateur doit trouver sa méthode pour sortir de la tergiversation. 

Mais la première action à entreprendre est celle de se dire que l'on peut changer et comme Bandura (1997) le dit, il est utile de se persuader de : "Je peux le faire". 

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Mary Gohin - dans Cognitions
21 juin 2011 2 21 /06 /juin /2011 16:59

Beaucoup de personnes tergiversent dès qu'une tâche peu agréable, une activité obligatoire se profile à l'horizon du temps : j'écrirai plus tard .... 

causes-procrastination.jpg

Nous avons, à des degrés divers tous peur d'affronter la réalité, les défis que nous lance la vie, le travail stressant et les frustrations. Pour autant, même si nous tardons parfois à faire certaines tâches, nous ne sommes pas des procrastinateurs. 

La vraie procrastination est devenue une vraie habitude qui affecte complètement et conduit sérieusement à diminuer la qualité de vie. 

Ce n'est ni de la paresse, ni un manque d'organisation de temps ou d'espace. C'est juste le fait de pousser au loin, tellement au loin que toutes les activités d'un domaine ou toutes les activités de la vie sont faites au dernier moment, voire faites systématiquement en retard, voire jamais faites. 

Définition

La procrastination est le fait de remplacer les actes importants par des tâches de faibles importances, rejetant les actions primordiales à réaliser à une date ultérieure.       

Ce n'est pas une mise en attente mais un retardement, une vraie prise de décision de ne pas agir. La tergiversation permanente est contreproductive, négative et fait réellement souffrir.

C'est un mécanisme qui va permettre de faire face à la cause de la procrastination. 

La grande majorité des procrastinateurs s'adonnent à des activités secondaires (télévision, jeux) et peuvent même avoir des comportements addictifs. La plupart du temps leur espace de vie est encombré et désorganisé. 

La procrastination entraîne un niveau très élevé de stress, une forte anxiété, un sentiment de culpabilité, une faible estime de soi. Parfois survient une dépression profonde ou une dégradation de la santé générale. 

Cependant, on distingue deux types de procrastinateurs

1. Le type décontracté : l'inconséquent (Salomon et Rothblum, 1984) 

Aline évite toutes les tâches sérieuses qui engagent son idée de responsabilité. C'est à dire qu'elle n'a aucune difficulté à partir en vacances, sortir avec ses amis. Ce sont des activités agréables pour elle qu'elle gère sans problème. Mais dès qu'il s'agit des autres tâches à faire, elle ne prend aucun risque, n'essaie jamais rien de nouveau, râle tous les soirs chez elle après son emploi qu'elle ne quitterait finalement pour rien au monde. Dès qu'elle est confrontée à une tâche difficile ou dès qu'il y a une décision à prendre, elle blâme les autres ou la situation et nie toute l'importance de la tâche. Rien n'est grave, rien n'est urgent. Elle trouve que c'est tellement simple qu'elle ne voit pas pourquoi elle s'y prendrait à temps et commencerait à agir. Elle ne va jamais s'inquiéter et ne se préoccupera pas des délais imposés. Ce type de déni lui évite le stress et son mécanisme de défense semble très efficace puisque tous pensent qu'Aline est heureuse. 

Ce type est très répandu chez les lycéens et les étudiants (Ellis 1999). Ce sont souvent des personnes préoccupées par leurs besoins émotionnels comme la reconnaissance des autres et l'amour de soi. Certains étudiants finissent même par abandonner leurs études, pensant qu'à long terme, le travail exige trop d'efforts désagréables. 

procrastinateur-detendu.jpg

2. Le type tendu : le dépressif ou l'anxieux (Fiore, 1989)

Jean repousse dans le temps toutes les tâches qui lui paraissent difficiles, que ces tâches soit du domaine professionnel (terminer une note de service, téléphoner à un client..) du domaine personnel (prendre sa douche, remplir sa déclaration d'impôts, prendre rendez vous chez le médecin...) ou toute prise de décision (partir en vacances dans le Jura ou au Maroc ? prendre la voiture ou aller à pied ? changer ou ne pas changer de métier ? divorcer ou ne pas divorcer ?) 

Jean repousse dans le temps toutes les actions à faire, tous les choix à assumer. Il va mettre 20 minutes à se lever, plus d'une heure à prendre sa douche avant de partir travailler. Certains jours, quand partir est trop difficile, il ne partira pas et prendra un jour de congé. 

Jean arrive aussi à se noyer dans les tâches à faire. Décidé à remplir sa feuille de déclaration d'impôts sur la Toile, il a une trentaine d'onglets ouverts sur son navigateur, mais aucun sur le site des impôts. C'est le dernier jour possible pourtant, mais rien ne lui permet d'avancer et aucun onglet ne l'attire plus de 5 minutes. Il ouvre un trente-et-unième onglet et se met à jouer. Mais, même sur le jeu, il a du mal à se concentrer. Son niveau d'angoisse ne peut qu'augmenter. 

Ce type de procratinateur pense éviter la tâche parce qu'il ne peut pas gérer le stress de la situation. Or, il n'évite pas la tâche, mais il tente d'éviter le stress. En fait, Jean est tellement tendu, préoccupé par la tâche qu'il ne peut pas la terminer. Impossible pour lui de déterminer la priorité des tâches, impossible d'en venir à bout. Comme la peur domine tout, il va temporiser en pensant réduire son stress. Il va chercher des moyens de se détendre et "perdre son temps". Plus il perd de temps et plus il stresse et plus il stresse et plus il cherche les distractions. Il se rend compte que c'est une perte de temps et qu'il est justement à court de temps. Mais le cycle est lancé et Jean ne peut pas en sortir. Il va se sentir coupable et focaliser sa tension sur ce qu'il ne fait pas tout en ne pouvant pas faire ce qu'il doit faire. Dépassé par la situation, il va devenir dépressif ou anxieux. 

Pourquoi temporiser ? 

La procrastination n'est pas une illustration de la paresse, un résultat d'indifférence aux autres, une mauvaise gestion du temps. C'est un comportement complexe auto-destructeur attribué à plusieurs causes primaires. Il faut comprendre la personne dans le contexte de ses émotions, de ses cognitions, de ses comportements et des habitudes de personnalité. 

Même si on peut admettre qu'il y ait une prédisposition génétique à la procrastination (rôle du cortex préfontal, responsable des fonctions cérébrales exécutives), les causes ont des composantes comportementales, cognitives et émotionnelles. 

Les causes comportementales

La procrastination peut être considérée comme une mauvaise habitude liée au stress qui a été renforcée (Burka, 1984 - Ferrari, 1995).     

1. J'ai envie de partir en week end. 

2. Je décide de me renseigner sur les opportunités. 

3. Mais, au bout de 5 minutes, je me dis que pour l'instant, je ne peux pas décider parce que je n'arrive pas à choisir entre montagne et mer, entre campagne et ville. 

4. Le week end approche et je stress et angoisse. Ma peur de ne rien faire ce week end prend des proportions énormes, comme si ma vie en dépendait.  Plus le samedi approche, plus le stress se transforme en angoisse. 

5. Complètement stressée, je ne parviens pas à me décider, à m'informer calmement. Le samedi matin, je décide de ne rien décider et je ne fais rien. 

6. Je ressens alors un vrai moment de détente. La pression tombe subitement. Je me sens presque bien. 

7. Ce répit est de courte durée car vient alors un sentiment de culpabilité qui m'envahit complètement. Je m'en veux terriblement d'avoir eu ce comportement et je me promets de ne plus l'avoir. 

8. Comme je reste chez moi le week end, je me dis que j'ai envie d'aller une de mes tantes. Le matin, ce n'est pas possible, je n'aurais jamais assez de temps. Je décide d'y aller l'après midi.

9. Cette décision fait remonter au maximum mon stress. L'angoisse me prend à la gorge. Je me distrais et passe de la salle de bains à la cuisine, de la cuisine à mon bureau, du bureau à mon canapé, du canapé à la salle de bains, sans réussir à me concentrer. 

1. Mais vers 16h, je trouve qu'il ne fait pas assez beau pour sortir et je reporte ma visite au lendemain. Je me sens immédiatement beaucoup mieux. 

À votre avis, que vais je faire le lendemain ?

Les causes cognitives et émotionnelles

On a trouvé que la procrastination (Aitken 1982) était liée à une pensée défectueuse, focalisée sur des peurs associées à des idées auto-destructrices.

Les travaux récents montrent que l'anxiété et le perfectionnisme n'ont aucun lien avec la procrastination. Les perfectionnistes ne se sentent pas coupables, tergiversent moins mais s'inquiètent plus. 

La peur de la réussite

La peur de la réussite est la peur de bien faire, d'être responsable, d'être indépendant. Pour ces personnes, réussir entraîne la crainte de perdre des amis ou de devenir une menace pour les autres. En réussissant, c'est l'idée que l'on devient arrogant, exigeant, ennuyeux et solitaire. En réussissant, l'idée est qu'elles vont perdre leur identité en devenant différentes. Cela peut devenir si effrayant pour ces personnes qu'elles cachent leur ambition, agissent comme si elles ne se souciaient de rien.  

La peur de l'échec

Ces personnes peuvent ressembler à des perfectionnistes, car elles se mettent des objectifs irréalisables qui, ne pouvant être réalisés les confortent dans leur idée d'incapacité, d'inaptitude. Elles sont sans cesse dans l'auto-critique, la dévalorisation d'elles mêmes. Ce sont souvent des personnes pessimistes qui pensent que tout ce qui est à faire n'est pas drôle, trop dur, ennuyeux. Leurs croyances tournent autour de l'injonction : "je dois toujours ..."

Ces deux peurs sont très liées. Certaines personnes font se focaliser sur l'une plus que sur l'autre. D'autres vont exprimer les deux tendances, comme un balancement. Pour ces personnes, l'évitement le plus simple est de s'abstenir de faire beaucoup de choses, de faire des activités compétitives. Ne pas essayer est une forme d'échec, mais cette forme apparaît moins douloureuse que de tenter de faire. En tergiversant, l'échec ou la réussite sont écartées. Les séances d'entretien consistent à travailler la construction de l'estime de soi. 

Le besoin de contrôler ou de résister au contrôle

Ces personnes ont des croyances irrationnelles basées sur :"chacun doit me traiter avec gentillesse et faire ce que je veux, sinon j'ai le droit de me mettre en colère et de les détester". On est tous obligés de faire des choses que nous n'avons pas envie de faire ou de faire des choses que les autres nous demandent de faire. Mais pour ces personnes, c'est une telle destruction de leur identité que cela devient impossible d'accepter cette réalité. 

Pour savoir si une personne est entrée dans ce type de procrastination, il faut lui demander si quelqu'un est gêné par sa perte de temps, son retard chronique ou incommodé par sa rébellion permanente contre les règles. Cette forme de procrastination prend donc la forme passive ou active, avec une forte expression de ressentiment. Cela permet de croire au contrôle, de prouver que l'on est puissant ou indépendant, c'est à dire libre. 

Certains auteurs, comme Sapadin et Maguire classent les procrastinateurs selon les conséquences de leurs comportements

- les perfectionnistes redoutent de faire parce que cela ne sera pas parfait

- les rêveurs qui ont de grandes idées mais détestent les détails

- les rebelles qui résistent à tout ce qui vient des autres

- les anxieux qui craignent de bouger par peur fondamentale du changement 

- les criseurs qui trouvent un problème à toute tâche

- les hyperactifs qui ne font rien et tout à la fois

Qu'est ce qui provoque la procrastination ?

Fondamentalement, le procrastinateur développe et répond à ses propres craintes spécifiques et du point de vue comportemental, le renforcement négatif joue un rôle déterminant dans le développement de la procrastination (les distractions, les pensées rationnalisantes, les excuses). 

 

Suite de l'article : comment cesser de tergiverser ? 

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Mary Gohin - dans Cognitions
22 mars 2011 2 22 /03 /mars /2011 16:02

Dans mes précédants articles, je parlais des difficultés liées à toute décision. Or, avant l'état de décision, il y a l'état d'indécision, état certainement plus difficile à vivre surtout s'il se prolonge indéfiniment puisque cela nous mène à la procrastination. 

Se retrouver dans cet état d'indécision créé effectivement un vrai état de malaise de situation. L'effet est immense et sa conséquence est parfois désastreuse. C'est pour cette raison, que j'ai rassemblé ici les conseils que je donne à ceux qui viennent me consulter quand ils se retrouvent à ce point du choix, immobile et mal à l'aise. 

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Avec eux, on exploite ces conseils, dans l'ordre et le désordre. On essaie, on teste, on prend, on rejette, on reprend. C'est un vrai travail qui ne peut être que personnel. Chacun a son système de fonctionnement, chacun va à sa vitesse, chacun monte son propre escalier, chacun a ses marches (ou même marchinettes comme dit l'une de mes clientes ). 

Donc, si vous voulez améliorer votre prise de décision ou si vous pensez que vous avez une tendance à la procrastination, voici quelques conseils qui vous aideront peut être : 

 

1. Donnez-vous suffisamment de temps pour obtenir et examiner toutes les informations, mais ne campez pas sur cette phase de la décision.

Le biais de disponibilité est bien trop humain pour penser pouvoir l'éviter, c'est vrai. Il est fort possible qu'un détail vous échappe, qu'une information vous manque, mais à trop hésiter, vous resterez au bord de la route. 

Supposons que j'attende le bus. Sur la fiche horaire, on note que le prochain bus est à 16h06. À ma montre, il est 16h04. J'attends. C'est normal. Je regarde ma montre, il est 16h10. Alors le bus est passé ou pas passé ? Il est en retard ou pas en retard ?

Première information : Le prochain est noté pour 16h30. 

Deuxième information : Je suis déjà légèrement en retard pour arriver là où je dois aller. 

Plus je passe de temps à m'énerver, à douter de son retard, et plus je m'immobilise. 

Le bus est passé à 16h35, en retard de 5 mn.

Il y a une information que je n'ai pas mis en balance : celle de la durée du trajet, soit 15 mn à pied et 5 mn en bus. Celle là m'aurait permis de penser que ma décision avait une heure buttoir : 16h25 ! 

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2. Ne pensez pas qu'il y ait une bonne et une mauvaise option. 

Il y a votre option, pas celle qui convient à Dupont, ni celle qui convient à Durand. En pensant en termes de "bien" et de "mal" nous pouvons faire pression sur nous-mêmes inutilement. Habituellement, il ya des avantages et inconvénients dans chaque option, mais ces avantages et ces inconvénients ne sont généralement pas à peser en "bien" et en "mal". 

En reprenant l'exemple très simple du bus, je peux penser qu'il est bien que pour 5 mn de bus, je me fasse les 15 mn à pied. Pour ma santé par exemple. Mais si je me sens fatiguée, est-ce alors à peser en terme de "bien" et de "mal" ? 

J'ai envie de faire le trajet en bus, alors j'attends. Je patiente parce que je sais pourquoi j'attends et j'assume mon retard à l'arrivée. 

Si mon retard à l'arrivée est impossible, alors je n'ai pas besoin de me poser la question pendant une éternité sur le retard possible du bus de 16h06. C'est plus simple : il est 16h10 à ma montre. Le bus n'est pas là. Je pars à pied. 

C'est la raison de mon option qui l'a emportée sur ma décision, parce que cette raison était ce qui était bien pour moi, mon avantage à moi (arriver à l'heure), avec mon inconvénient assumé (la marche à pied). 

3. Prenez le temps de réfléchir à ce que vous devez réaliser

Souvent, nous pensons nos décisions sur le court ou moyen terme. Nous nous imaginons juste au moment de la prise de décision et non à la façon dont nous assumons la décision. Nous oublions de penser au long terme, en quelque sorte.

Pensez à vous, à votre façon d'être, à vos valeurs.

Mon exemple simplissime de bus peut encore servir ici. S'il est dans mon  système de fonctionnement une idée précise sur le respect de mon heure d'arrivée, alors, ma décision est facile à prendre. Mais pour cela, il faut que je pose le problème du choix en vrai problème d'objectifs, en vrai problème de valeur.

Je peux très bien penser que cette valeur n'est pas primordiale pour moi. Je prends alors mon téléphone et je préviens la personne que je serais en retard et j'attends le bus avec patience.

Ce qui est important est votre façon de demeurer ce que vous vous êtes. Devant un choix, vous serez plus ça et moins ça. Il faut prendre le temps de se projeter réellement et d'envisager les conséquences par rapport à son système de pensées, par rapport à sa vision du monde.

 

4. Ne vous inquiétez pas au sujet de la décision. 

Si vous avez examiné toutes les informations disponibles et que vous avez pris une décision, vous avez fait de votre mieux. Et si elle ne s'avère pas être la meilleure décision en raison de renseignements supplémentaires qui deviennent disponibles, celle que vous avez prise était encore la meilleure décision quand vous l'avez prise. Il peut même arriver qu'il vous faille juste réadapter votre choix, car certaines décisions ne sont pas définitives.

Dans mon exemple de bus, ce n'est sans doute pas le cas d'une décision adaptable, si, en me mettant à marcher, je vois tout à coup le bus me dépasser.

J'ai pris la mauvaise décision ? Non. J'ai pris la décision qui me permettait à coup sur d'être à l'heure. C'était ma décision au moment où je l'ai prise et elle arrivera à l'objectif que je m'étais fixée. 

 

5. Évitez le perfectionnisme. 

Plus facile à dire qu'à faire! Mais personne n'a à être parfait. Personne n'a à prendre des décisions parfaites. Si c'est une bonne décision pour vous, alors c'est une excellente décision. 

Ma décision d'aller à pied était excellente. Je vais être à l'heure et j'ai fait un exercice physique intéressant pour ma santé. 

Ma décision d'attendre le bus était excellente. J'ai téléphoné pour prévenir de mon retard et je vais pouvoir me reposer avant ce rendez vous important. 

 

6. Communiquez clairement avec vous-même. 

Se mentir à soi même est un autre biais. Lorsque vous considérez toutes les informations et les options, vous devez tenter d'être le plus objectif possible et le plus rationnel possible. Il faut être clair avec soi même et pensez à ce qui pourrait vous mener à l'échec, à l'erreur, à la "mauvaise" décision.

N'hésitez pas à écrire ce que vous pensez, ressentez. Laissez venir le rationnel et l'émotionnel. Et demandez vous "Ce choix ne serait pas le meilleur pourquoi ? Épuisez les pourquoi jusqu'à ce que vous sentiez que vous parvenez au bout du bout de votre raisonnement.

Pourquoi mon choix de partir à pied échouerait ? Parce que le bus passera avant que j'arrive. Pourquoi ? Parce que j'aurai pu attendre. Pourquoi ? Pour me reposer

Et là je peux choisir entre ma valeur respect du rendez vous et ma qualité de vie physique. Savoir ce que je sens qu'il est mieux pour moi de privilégier.

 

7. Suivez votre intuition. 

Être en contact avec vos sentiments et de leur utilisation - ce qui est parfois mentionné comme étant de l'intelligence émotionnelle est certainement aussi important que de rester en contact avec la rationalité dans une prise de décision et surtout dans la position de l'indécision. 

Dès que j'ai regardé les horaires de bus, j'ai eu l'intuition que je venais de le manquer. J'étais donc en colère. Je pouvais profiter de ma colère pour me détendre en marchant ou simplement en attendant sans impatience. La rationalité venait après peut être pour décider entre honorer ma valeur ou prendre en compte ma fatigue. 

 

8. Apprenez à décider sur les petites décisions. 

Essayez ces techniques sur les petites décisions, comme celle que je viens de prendre en exemple entre bus ou marche à pied. Cela vous aidera à déterminer ce qui fonctionne pour vous et ce qui ne fonctionne pas - et également pointer les endroits à améliorer avec plus de pratique. En utilisant votre process personnel sur de petites décisions, il vous sera plus facile de l'utiliser dans des situations potentiellement plus difficiles et cela vous apprendra à surtout à éviter l'immobilisme de l'indécision. 

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Mary Gohin - dans Cognitions
13 mars 2011 7 13 /03 /mars /2011 19:27

La perception est définie comme le processus de catégorisation et d'interprétation de l'information sensorielle. Il décrit également comment nous atteignons une prise de conscience ou de compréhension. Or, nous sommes sélectifs dans la manière dont nous traitons cette information.

La perception sélective décrit comment nous classons et interprétons l'information sensorielle d'une façon qui favorise une catégorie ou une interprétation plutôt qu'une autre. En d'autres termes, la perception sélective est une forme de partialité parce que nous interprétons l'information d'une manière qui est conforme à nos valeurs et convictions. Ce processus se produit automatiquement pour deux raisons principales. 

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La première est que nous utilisons souvent des expériences passées pour former la réalité d'aujourd'hui avec nos modes de pensée.

La seconde est que si nous acceptions de réagir à chaque stimulus individuel au cours de la journée, nous serions complètement dépassés.

Avec la perception sélective, nous filtrons les informations que nous jugeons inutiles en nous basant sur notre système de valeurs et croyances.

Combien de fois avez-vous rencontré une situation que vous ne connaissiez pas et que  avez reliée à une expérience similaire passée ?

Combien de fois avez-vous vu une séquence de publicités à la télévision en paraissant intéressé ?

Alors, pourquoi devrions-nous même penser que ce processus qui se fait automatiquement peut nous conduire à des erreurs graves ?

Il est évident que la perception sélective nous empêche de voir la vérité sur certaines personnes ou sur certaines situations, en raison des étiquettes que nous leur avons déjà appliquées.

Imaginez apercevoir dans la rue un homme aux habits froissés et déchirés, visiblement ivre qui appelle "au secours". Aurez vous la même attitude si cet homme est en costume-cravate ? L'habit va être votre information principale qui va "commander" le comportement que vous allez avoir vis à vis de l'autre information : appeler au secours. Et vous allez réagir selon vos croyances, vos expériences passées. 

Nous ne voyons que ce que nous choisissons de voir, nous n'entendons que ce que nous choisissons d'entendre, nous ne croyons que ce que nous choisissons de croire etc...  Cela augmente et limite notre capacité à décider et améliorent et gênent nos relations. 

Voici Carole, une femme qui vit une situation maritale difficile. Son mari est alcoolique et a une furieuse tendance à l'humilier, allant parfois jusqu'à user de la violence physique envers elle. Il lui dit que c'est pour «son bien» qu'il se comporte de cette manière. Elle se plaint, cherche une solution et ne parvient pas à faire quoi que ce soit, si ce n'est ne rien faire, c'est à dire choisir de rester. 

Si, en tant qu'ami, vous essayez de la convaincre de quitter rapidement son mari en lui montrant la réalité, en pointant les actes de violences et insistant sur sa dépendance émotionnelle, il y a de fortes chances qu'elle refuse de voir cette vérité. Elle va prétendre qu'elle peut changer son mari, qu'il y a un bon côté en lui et qu'elle finira par s'en sortir. 

En fait, Carole fausse la réalité et la perçoit d'une manière qui convient à son confort (qui peut être la dépendance financière ou affective de son mari, ou le confort simple d'avoir un homme dans sa vie). Toute la réalité de la situation est dépendante de la réalité inconsciente de Carole. Pour ajuster la seconde à la première, elle va filtrer les informations, fausser les faits et les effets et ne sélectionner que ce qui valide la seconde : le confort inconscient, sans pouvoir l'assumer. 

En tant que tel, le résultat final est exprimé en termes de notre réponse au stimulus, et est basé sur ce que nous voulons et ne voulons pas faire. Cela devient ce que l'on appelle la perception sélective.

La perception sélective est souvent utilisée comme une stratégie publicitaire pour améliorer la popularité et les ventes d'un produit. 

Par exemple, vous avez envie d'acheter un téléphone cellulaire d'une marque particulière mais vous hésitez. Il y a fort à parier que, dans la même journée, vous allez voir 100 fois la publicité pour l'objet convoité, comme si ces annonces venaient juste d'apparaître. Soudain, ce téléphone est partout. Ce que vous ne remarquez pas, c'est que tout cela était déjà autour de vous. Vous avez filtré ces stimuli avant ce jour parce que vous n'en aviez jamais vraiment eu besoin avant d'en avoir envie. Cependant, maintenant que vous envisagez d'acheter le téléphone cellulaire, vous le voyez partout. Votre cerveau est à l'affût de toutes les informations le concernant. La société d'autre part, a créé ou a déclenché votre désir d'acheter le téléphone par la promotion du produit pour le rendre populaire, ce qui augmente votre conscience à ce sujet.

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Il existe de nombreuses situations dans lesquelles la perception sélective se produit. Parfois les conséquences sont heureuses, nos réactions appropriées et rapides. Parfois, elles sont catastrophiques. 

Certaines grandes catastrophes ont comme base une erreur humaine due à cette perception sélective. Une catastrophe bien connue est l'accident d'un avion à Portland. Lors de l'approche de la piste, les pilotes détectent un problème sur le train d'atterrissage. La tour de contrôle appuyé par l'avis du technicien décide de retarder l'atterrissage et font tourner l'avion au-dessus de l'aéroport. Les pilotes acceptent et personne ne prend au sérieux l'information sur le niveau de carburant. Finalement, l'avion s'écrase à quelques mètres de la piste, faute de carburant. Les pilotes, la tour de contrôle, le technicien ont négligé de surveiller les autres paramètres de navigation, se focalisant sur la seule information du train d'atterrissage défectueux.

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Nous avons tendance à généraliser, à porter des jugements stéréotypés, qui finissent par aboutir à des erreurs d'attribution fondamentale. 

En bref, nous avons tendance à déformer la vérité afin de nous sentir bien, valider nos croyances, et en quelque sorte, échapper à la réalité pour être en mesure de prendre des décisions plus facilement. 

Il faut juste est conscient que c'est à la fois une bonne chose et une mauvaise chose et, dans les choix difficiles à faire, il convient de rester le plus vigilant possible et être capable de remettre en cause sa première impression, en sachant que remettre en cause n'est pas pratiquer l'exclusion mais au contraire l'acceptation de l'erreur possible. 

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Mary Gohin - dans Cognitions
4 mars 2011 5 04 /03 /mars /2011 17:14

 

Savoir prendre des décisions peut parfois être particulièrement difficile. On a à faire un choix et ce choix est tellement présent, indispensable qu'il finit par nous pourrir toutes nos actions. 

Beaucoup de mes clients me disent :"Je n'arrive pas à me décider. J'ai listé tous les aspects pour et tous les aspects contre, mais cela ne m'aide pas vraiment. Si je décide ça, je vais être content de l'avoir et mécontent de ne pas avoir l'autre choix. Comment être sûr que ce que je décide est le bon choix, le choix qu'il fallait faire". 

La grande question est là : comment savoir, sans l'ombre d'un doute, que ce que l'on choisit est la décision qu'il fallait prendre ? 

Certaines décisions sont faciles à prendre parce que l'enjeu est petit et sans grandes conséquences. Riz ou nouilles ? Pull noir ou gris ? 

Plus les conséquences ont un impact sur le temps qui passe, et plus elles nous feront hésiter sur le choix. Une voiture grise ou bleue ? Cette maison sans jardin ou cet appartement avec un grand balcon ? Avoir un enfant ou ne pas en avoir ? Se marier ou ne pas se marier ? 

Le chemin de l'immobilisme

Le plus souvent les options possibles offrent autant d'avantages que d'inconvénients et les lister nous fait sombrer dans le doute le plus total. 

La recherche de la certitude nous paralyse et nous finissons par ressembler à des lapins pris au piège par les phares d'une voiture qui arrive à vive allure. 

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Vouloir trop de certitude avant de décider, c'est pratiquement s'assurer que l'on n'en aura jamais. C'est chercher la perfection, le certificat posté dans la boite à lettres qui dira : "Oui, c'est la bonne décision !". Comme on n'a jamais ce certificat, on tourne en rond en pensant au lieu d'agir. 

Cette recherche de la certitude peut même nous conduire à chercher la validation des autres à tout prix. C'est l'impression que l'on ne va pas être capable d'assumer en toute indépendance, l'impression que parmi toutes nos valeurs et nos aptitudes, nous sommes dépourvus de celle de responsabilité. On ne fait que valider l'impossibilité de pouvoir choisir. 

Il arrive que devant un choix à faire, nous soyons tellement paralysés que finalement nous faisons le choix de choisir ce qui ne nous fera pas bouger, pas changer. Pour appuyer ce choix, nous rationalisons l'émotion : "Je reste avec cet homme violent parce qu'il est très gentil avec nos enfants et que cela leur ferait trop de peine". "Je ne vais pas m'arrêter de fumer parce que je vais me sentir très mal et bouleversé". 

Or, ne pas prendre de décision est bien prendre la décision de ne pas en prendre. Et pour ne jamais passer pour un faible à nos yeux, nous parvenons à nous faire croire que notre excuse est parfaitement logique. "Je ne me sentais pas soutenu dans mon choix". 

La grande conséquence de cette impossibilité à prendre une décision est que cette impossibilité contamine toutes les autres décisions. "Je n'arrive même plus à choisir ce que j'ai envie de manger, où j'ai envie de me promener."

Le chemin de l'action

Arrêtons de rationaliser. Un choix n'est pas un problème scientifique. Il n'y a pas d'équation à résoudre.

Beaucoup de décisions importantes sont prises sans difficultés. Très certainement parce que ceux qui les ont prises n'ont pas recherché la certitude absolue de faire le bon choix. Ils vivent leur choix en cherchant à l'assumer et non en regrettant le choix qu'ils n'ont pas pris. 

Lorsqu'une décision devient difficile, le mieux parfois est de se faire confiance. Par instinct, on sait très bien ce que l'on veut.

L'University College London a réalisé une expérience en 2007 montrant que, dans certaines situations, les rapides décisions prises par notre inconscient sont plus pertinentes que les lentes décisions prises avec rationalité. Trop réfléchir avant de décider est parfois inutile. Notre inconscient peut décider très vite et choisir rapidement la meilleure voie. Dans cette expérience (relatée dans Current Biology), on présentait aux sujets un écran couvert de 650 symboles identiques, tournés dans le même sens, sauf un. Le premier groupe qui n'avait qu'une fraction de seconde pour décider réussissait à trouver le bon symbole avec un taux de réussite à 95%. L'autre groupe qui n'avait un peu plus d'une seconde pour décider réussissait à trouver le bon symbole avec un taux de réussite à 70%. la fonction du cerveau conscient qui rationalise bloque la décision initiale de l'inconscient. 

Les résultats de cette expérience, qui a été renouvelée par d'autres chercheurs, sont proches de ce que dit MiltonErickson quand il écrit : "faites confiance à votre inconscient". 

Mais, attention, cela ne veut pas dire que nous devrions décider très vite et faire nos choix en quelques secondes. Non, cela veut dire qu'il faut être attentif à notre première impression lorsque nous avons eu le choix à faire. Il faut tenter de ne pas relativiser, de ne pas rationaliser. La meilleure solution objective n'existe pas. Seule compte la meilleure solution subjective. 

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Pour prendre une décision : 

1. Faites confiance à votre première impression. N'insistez pas sur la logique des raisons. Votre choix est fait ? Alors il est bien. Il n'est pas bon, il est simplement bien. 

2. Quand vous utilisez votre rationalité pour choisir, essayez de vous projeter dans votre choix, non pas en vous disant "Pourquoi serait il bien ?", mais plutôt "Pourquoi me sentirais-je mal en faisant ce choix ? Qu'est ce qui ne réussirait pas ? " Cela vous permettra de comprendre l'importance que vous mettez inconsciemment dans ce choix à faire. 

3. Votre choix vous est personnel. Certaines personnes n'auraient pas fait celui là. C'est un choix qui est bien pour vous et vous êtes capable de l'assumer parce que c'est le vôtre. 

4. Enfin, s'il vous arrive de faire le "mauvais" choix, celui où vous vous sentez mal, ne vous culpabilisez pas. Nous ne sommes que des êtres humains, capables de faire des erreurs et capables de réagir. Apprenez de l'erreur et reprenez votre place. Le mauvais choix à ce moment là serait bien de persister dans un choix dans lequel vous vous sentez mal. 

 

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Mary Gohin - dans Cognitions
8 février 2011 2 08 /02 /février /2011 19:37

Le biais de confirmation est l'un des plus connus des sciences cognitives et de la psychologie sociale. C'est un biais important qui affecte nos croyances, nos décisions, nos opinions. 

Il intervient autant dans la vie de simples particuliers que nous sommes que dans la vie professionnelle des scientifiques, juristes, médecins, tous les experts qui ont à rendre le résultat de leur expertise et d'analyser des hypothèses. 

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Dans la vie de tous les jours, lorsque nous avons à faire un choix, lorsque nous avons une décision à prendre, lorsque nous émettons une hypothèse, ce biais nous entraîne à rechercher ou à interpréter l'information trouvée en mémoire ou ailleurs qui va permettre de confirmer ce que l'on pense déjà.

 

Peter Wason est un des premiers psychologues à explorer ce biais. En 1960, il présente à des sujets trois chiffres (2 - 4- 6), en leur demandant de trouver la règle pour former le triplet. La vraie règle étant "n'importe quelle suite croissante", les sujets ont eu beaucoup de difficulté à la trouver parce qu'ils cherchaient uniquement des suites qui confirmaient la règle à laquelle ils pensaient au lieu de donner des suites qu'ils supposaient non conformes. Ils essayaient de confirmer la règle au lieu de l'infirmer pour la trouver. 

Notre mémoire, notre pensée est sélective. Quand nous avons à affirmer, nous formons notre jugement sur des informations qui vont confirmer nos croyances en ignorant ou sous évaluant la pertinence de ce qui contredit nos convictions. 

 

Supposons que nous venons d'acheter quelque chose en solde ou bénéficiant d'une promotion. Pour nous confirmer que nous avons fait "une affaire", nous allons sélectionner des magasins qui offrent la même chose mais qui sont réputés plus cher que le magasin où on a trouvé notre si belle occasion ou alors, nous allons tout simplement éviter d'être confrontés à ce même objet dans un autre magasin. 

 

Cette tendance que nous avons est particulièrement pernicieuse quand nos croyances s'appuient sur des préjugés. Or, nos préjugés forment aussi nos croyances. Ainsi, le biais de confirmation est sans doute le plus délicat des biais cognitifs, car il nous permet d'asseoir nos opinions sur des mensonges.

 

Cette expérience relatée sur le site du CRS montre comment on peut être influencé par un préjugé. 

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L’équipe dirigée par Tim Levine, de l’Université d’État du Michigan, aux États-Unis, a fait visionner un épisode de la série "Lie To Me" (dans lesquels les experts utilisent dans leurs investigations la présence de micro-expressions faciales pour détecter les menteurs) à un premier groupe avant de leur administrer un questionnaire. Un autre groupe sert de groupe contrôle et ne visionne rien avant de remplir le questionnaire. Le questionnaire porte sur le jugement de 12 personnes dont six mentent et six disent la vérité. 

 

Ceux qui ont regardé la série se sont montrés beaucoup plus suspicieux sur l'honnêteté des 12 personnes. Ils ont été plus nombreux à jugés qu'une personne qui disait la vérité mentait. 

 

Ce groupe a formé le préjugé que le mensonge était un phénomène omniprésent chez les personnes qui témoignaient. « Par conséquent, Lie to Me favorise le scepticisme au détriment de la précision », concluent les chercheurs.

 

 

Le biais de confirmation s'explique de deux façons. La première, positive, est la même que pour tous les autres biais : comme nous avons une multitude d'informations à notre portée, le biais nous permet en effet de traiter plus vite et plus facilement l'information. La seconde, négative, est liée à l'idée que, comme nous n'aimons pas nous tromper, le fait de chercher une erreur est plus difficile à accepter.

 

Voici une expérience menée en 2009 par une Université des Pays Bas et relatée dans le New Scientist

On montre la même vidéo sur une même télévision à deux groupes disctinctes. Au premier groupe, on affiche de façon claire et nette qu'il s'agit d'un poste permettant de voir des images en HD. Au second groupe, on ne dit rien. Le questionnaire révèle que les personnes du premier groupe ont pratiquement toutes vu des images de meilleure qualité. En fait, sans comparaison des deux systèmes, nous sommes incapables de distinguer correctement les signaux numériques et haute définition. Mais, comme la croyance est que le système HD offre de meilleures images, nous nous persuadons en regardant une video en HD, que nous voyons de meilleures images. 

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Comprendre que le biais de confirmation, comme tous les autres biais, est une partie de notre constitution psychologique est une étape nécessaire si nous voulons avoir la chance d'y remédier, tout comme la reconnaissance que nous avons des préjugés est nécessaire pour les surmonter. 

 

Lorsque nous nous rendrons compte que nous avons une tendance inconsciente à soupeser la preuve de manière sélective, nous aurons une meilleure chance de reconnaître notre erreur. Car un moyen de contrer ce biais est bien de chercher l'erreur, à chercher l'information qui contredit ce que nous pensons. 

 

Autrement dit, la stratégie consiste à accepter l'idée que les erreurs sont inévitables, à se préparer à en faire et à apprendre d'elles. Il faut alors être ouvert à la possibilité de se tromper sur des idées tout à fait fondamentales. Il faut accepter l'idée que l'on a tort parce que le tort ne tue pas, mais au contraire permet d'apprendre et de progresser. 

 

Ce biais est à l'origine d'autres biais et effets sur lesquels je reviendrai dans de prochains articles, car tous ont une influence certaine sur notre prise de décision quand nous devons faire un choix. 

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Mary Gohin - dans Cognitions
21 janvier 2011 5 21 /01 /janvier /2011 13:34

Comme je l'ai énoncé précédemment dans ma présentation des biais cognitifs, je présente maintenant un autre biais de jugement : celui dit de la tâche aveugle ou biais de l'angle mort de polarisation. 

Pour mémoire, un biais cognitif est une erreur courante, une limitation de la perception humaine, de la mémoire, ou du jugement qui conduit à des raisonnements défectueux et / ou de visions déformées de la réalité.

Le biais de la tâche aveugle est le fait que nous sommes persuadés que l'existence et le fonctionnement des biais cognitifs sont beaucoup plus présents chez les autres que chez nous. C'est le biais de nos préjugés. 

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Autrement dit, nous ne reconnaissons pas que les biais personnels, les interprétations idiosyncrasiques ont façonné notre jugement, nos préférences, nos valeurs, tout en reconnaissant qu'ils ont influencé le jugement des autres.

Nous avons conscience de l'impact des préjugés sur le raisonnement des autres, mais peu sur nos propres jugements. 

Par exemple, nous pensons que les opinions politiques des autres sont biaisées par leurs intérêts personnels, que la perception des conflits interpersonnels est biaisé par leur émotivité personnelle, sans reconnaitre que nous mêmes, sommes tout autant biaisés par les mêmes paramètres. 

Cette partialité de perception est renforcée par le fait que nous sommes obligés de nous évaluer par simple introspection sur nos pensées et nos motivations, en évaluant le biais des autres par la perception de leur comportement externe. On ne met jamais en doute nos propres perceptions. 

Nous nous jugeons sur nos pensées et nous jugeons les autres sur leurs comportements, pensant que nos comportements sont dus à nos intentions et que le comportement des autres est du à leurs pensées. 

Nous partons du principe que nous sommes objectifs et que les autres sont partiaux. De là, naissent de nombreux conflits par ailleurs puisqu'il nous arrive de camper sur nos positions en refusant de voir la vision du monde par les yeux de notre interlocuteur. 

Les chercheurs qui se sont penchés sur ce biais (Pronin et Kugler) ont remarqué que la source de ce biais pouvait être du à l'illusion d'introspection, autre biais cognitif essentiel. 

L'illusion d'introspection est une illusion cognitive dans laquelle nous pensons à tort avoir la possibilité d'accéder à nos états mentaux, c'est à dire l'illusion de croire que nous pouvons savoir vraiment ce nous pensons. Dans certaines situations, cette illusion nous conduit à donner de fausses explications à nos comportements ou à prédire faussement nos états mentaux. Cela nous conduit également à penser à la place des autres. 

L'illusion d'introspection nous conduit à avoir une illusion de supériorité par rapport aux autres. La plus grande illusion que nous avons est le fait que nous pensons tous, être moins conformiste que les autres, c'est à dire plus libres de nos jugements que les autres. Mais je reparlerai de ce biais particulier qui est très intéressant. 

Pour revenir au biais de l'angle mort de polarisation, il faut retenir que nous pensons très fortement "je suis objectif et tu es partial". 

Mais comme tout biais, le savoir c'est déjà s'en prémunir, ou du moins tenter de s'en prémunir. 

 

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Mary Gohin - dans Cognitions
30 décembre 2010 4 30 /12 /décembre /2010 12:44

Poursuivant ma quête de sens sur le biais cognitif, le biais rétrospectif est le plus difficilement maîtrisable.

Pour rappel, un biais cognitif est un court-circuit mental permettant de traiter rapidement l'information pour que nous puissions nous faire tout aussi rapidement une analyse en cohérence avec notre vision du monde. Mais ces biais rapides nous conduisent parfois à faire des erreurs de raisonnement et de jugement. 

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Le biais rétrospectif est le fait de reconstruire sa mémoire  après l’information parce que l’on interprète le sens de l’information par rapport à notre passé, en fonction d’autres faits connus et par rapport à nos convictions. On juge qu’un évènement était probable ou prévisible alors que rien dans le passé ne laissait prévoir de façon convaincante sa possibilité. En fait, on cherche à rendre le présent cohérent avec le passé. 

Après l'évènement, on croit connaître le résultat avant qu'il se soit réellement passé. 

Cette inclination à biaiser notre jugement apparait dans notre vie personnelle lorsqu’on nous annonce quelque chose de surprenant, d’étonnant, un fait très marquant socialement ou affectivement.

Cela peut être la victoire de notre équipe favorite, le cancer de notre voisin, le divorce de notre oncle, une catastrophe nationale, le résultat d'une élection, d'une enquête ou d'une étude.

Pour ne pas passer pour celui qui n'était pas informé, qui n'a pas su utiliser son intelligence rationnelle, qui n’a pas pu prévoir cet évènement inattendu, nous allons nous persuader que nous savions, que nous l’avions bien prévu.

On s’exclame :

"Je le savais."

"J’en étais sur ! "

"C'est exactement ce que je pensais."

Quand on apprend quelque chose de nouveau, nous avons tendance à recomposer notre mémoire, pour ne pas être surpris en flagrante défaillance de mémoire et de raisonnement. Nous allons alors nous persuader que nous étions au courant, que nous avions bien prévu cet évènement inattendu que tout était bien prévisible pour nous. On ne peut tout simplement pas admettre que nous pourrions avoir été dans l’erreur.

Ainsi, nous accordons toujours plus d’importance à ce que nous savons par rapport à ce que nous ne savons pas. Et, comme nous ne parvenons pas à prédire, nous justifions a posteriori.

Nos anticipations ne sont pas rationnelles comme nous le pensons. Nous ne parvenons pas à être objectifs car nous sommes toujours partiaux. Nous avons l'impression d'avoir le contrôle sur ce qui peut arriver. 

En lisant cet article, il est fort possible que vous vous disiez "mais oui, je le savais !". Car ce biais est pratiquement inévitable, autant pour les experts d'un domaine (justice, médecine, psychologie, politique, histoire...) que pour le quidam ordinaire. Ce biais est essentiellement présent quand l'évènement a une issue défavorable et que les conséquences sont graves.

Dans la mesure du possible, il faut utiliser des stratégies pour reconnaître et réduire le biais rétrospectif dans l'évaluation des résultats imprévus et des évènements indésirables. Il faut remettre en cause notre opinion quand nous pensons connaître déjà ce que  l'on nous apprend.

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Mary Gohin - dans Cognitions

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Mary Gohin

Psychologue, Hypnothérapeute

 

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